Eugene Cernan

Eugene Andrew Cernan, dit Gene Cernan, est un astronaute américain né le  à Chicago (Illinois) et mort le  à Houston (Texas). Il est le 11e marcheur lunaire et reste, à ce jour, le dernier homme à avoir foulé le sol lunaire (il a réintégré le LEM après son coéquipier juste avant leur retour sur Terre).

Après un cursus universitaire scientifique, il devient pilote d’avion de chasse dans la marine de guerre américaine. Il est recruté dans le corps des astronautes en 1963 par la NASA. Cernan est un des deux astronautes de la mission Gemini 9 au cours de laquelle il effectue la deuxième sortie extravéhiculaire américaine. Il est copilote à bord du module lunaire de la mission Apollo 10 qui effectue une répétition de l’atterrissage sur la Lune en s’approchant à 15,6 km de sa surface. Enfin, il est le commandant de la mission Apollo 17, la dernière mission du programme Apollo et à ce titre le dernier homme à avoir marché sur la Lune. Au cours de celle-ci, Cernan effectue avec Harrison H. Schmitt trois sorties extravéhiculaires sur le sol lunaire d’une durée totale de 22 heures 4 minutes dans la vallée Taurus-Littrow. Les deux astronautes collectent 110 kilogrammes de roches lunaires et parcourent à bord de leur véhicule 36 kilomètres, établissant un nouveau record dans tous ces domaines.

Cernan effectue des études secondaires dans l’établissement de Proviso East High School (en) de Maywood qu’il achève en juin 1952. Il entame un cycle universitaire à l’université de Purdue (Indiana). Attiré très jeune par les avions et le pilotage, Eugene Cernan suit en parallèle une formation de pilote dans le cadre du programme de formation des officiers de réserve (ROTC) de la Marine de guerre américaine. Après 4 ans d’études, il décroche en juin 1956 une maitrise en ingénierie électrique avec une moyenne de 5,1 sur 6C 1. Il débute alors sa période de service militaire d’une durée de trois ans dans l’US Navy en tant qu’aspirant à bord du porte-avions USS Saipan (CVL-48). Durant son séjour sur ce navire, il accepte une proposition de recrutement de la Navy. Début 1957, il entame sa formation de pilote sur T-34 Mentor. Il poursuit celle-ci durant six mois à la Naval Air Station Whiting Field sur des T-28 TrojanC 2.

Au moment où il s’apprête à retourner sur l’USS Saipan, la législation sur le service militaire est modifiée. Pour suivre une formation de pilote, les postulants doivent désormais signer un engagement de cinq ans au lieu de deux ans, ce qui provoque un afflux de démissions. Cernan, qui rêve de piloter des avions à réaction, accepte le principe d’une prolongation et poursuit sa formation de pilote à la Naval Air Station Memphis (en) et pilote bientôt des T-33 Shooting Star. Il obtient sa qualification de pilote le 22 novembre 1957C 3. Affecté début 1958 à la Naval Air Station Pensacola, il poursuit sa formation sur des F9F Panther où ses résultats brillants lui donnent la possibilité de choisir sa future affectation. Il choisit de piloter des avions d’attaque au sol à la Marine Corps Air Station Miramar, qui deviendra connue sous la dénomination de Top Gun. En mars 1959, il participe à une grande manœuvre dans le Pacifique ouest à bord de l’ USS Shangri-La, en tant que pilote de Douglas A-4 Skyhawk.

Alors qu’il se trouve à bord de ce porte-avions, il assiste en avril 1959 à la présentation du premier groupe d’astronautes recruté par la NASA, les Mercury Seven, et est immédiatement fasciné à l’idée de partir dans l’espace. « Un nouveau rêve s’était formé dans mon crâne rasé »C 4. Mais il dispose alors de trop peu d’expérience en tant que pilote pour postuler. Il poursuit sa carrière sur le porte-avions USS Hancock (CV-19) jusqu’en mars 1961. À l’été 1961, Cernan décide de passer une maitrise (« master’s degree ») en sciences aéronautiques, à la Naval Postgraduate School à Monterey (Californie) financé par l’US Navy en contrepartie d’un engagement de 3 ans par année d’étude, c’est-à-dire six ans supplémentaires. Cernan suit à cette époque avec passion les exploits de Alan Shepard ou Gus Grissom, les premiers astronautes américains à voler dans le cadre du programme Mercury. En septembre 1962, il apprend qu’un second groupe d’astronautes – les New Nine – est sélectionné et se pose sérieusement la question de savoir s’il peut postuler. Mais il se rend à l’évidence : bien que possédant l’âge et la formation requise, il est loin d’être un pilote d’essai vétéran comme la plupart des nouveaux astronautes. Mais il tente de se rapprocher de l’univers de l’espace en choisissant pour sa maitrise le domaine des systèmes avancés de propulsion de fusée par propergol liquide.

Au printemps 1963, la Course à l’espace bat son plein. Aux États-Unis comme en Union soviétique, les premiers programmes spatiaux Mercury et Vostok s’achèvent. Pour préparer le programme Apollo dont l’objectif est d’amener des hommes sur le sol lunaire, la NASA décide de lancer plusieurs missions dans le cadre du programme Gemini qui doit mettre au point les techniques qui seront nécessaires au débarquement sur la Lune. C’est en juin 1963 qu’Eugene Cernan est contacté par la NASA qui l’a sélectionné avec 400 autres civils et militaires comme candidat pour le groupe d’astronautes 3 destiné à compléter les effectifs dans la perspective du programme Apollo. Cernan accepte cette proposition et suit le parcours de sélection de la NASA qui comprend une série de tests, d’entretiens et d’examens médicaux. Il est sceptique sur ses chances. Il achève à cette époque sa thèse sur l’utilisation de l’hydrogène pour des moteurs-fusées, toujours assez sceptique sur le fait d’être sélectionné.

Le responsable du corps des astronautes de la NASA, Deke Slayton, l’informe début octobre 1963 qu’il est sélectionné avec Dick Gordon son collègue et ami de Monterey. Sans vraiment l’avoir recherché, ni y avoir cru, mais en ayant donné son maximum lors des tests et examens, Cernan réalise son rêve de devenir astronaute. Il déménage, début 1964, avec sa famille à Houston (Texas) où se trouve le centre d’entrainement des astronautes. Cernan y suit un cycle de formation théorique et pratique qui doit le préparer à sa future mission et qui comprend notamment des vols sur simulateur, un entrainement à la survie , etc. En tant qu’élève astronaute, il doit également assurer certaines taches au centre de contrôle de mission du programme Gemini. En raison du sujet de sa thèse, il est affecté au contrôle des systèmes de propulsion et de la pression dans les réservoirs et est chargé en tant que Tanks (nom donné à ce poste) de déclencher l’annulation des lancements du programme Gemini si des dysfonctionnements interviennent durant le compte à rebours. Il participe également à la conception de l’engin réalisé par transformation de l’étage de fusée Agena et qui doit permettre de tester les manœuvres de rendez-vous spatial au cours des missions du programme Gemini.

Au sein du groupe des astronautes, la compétition est intense pour se voir affecter à une mission. Cernan, qui est proche de David ScottDick GordonCharlie Bassett et Mike Collins du groupe 3, pense qu’ils seront affectés à une mission avant luiC 5, sans compter ceux du groupe 2 qui n’ont pas encore volé. Mi-1965, Slayton commence à affecter des membres du groupe 3 à l’équipage de réserve de Gemini 7 et comme équipage principal pour Gemini 8 et Gemini 9. Mais Cernan n’est pas retenu. Le 8 novembre 1965, Slayton annonce à Cernan qu’il est officiellement nommé comme pilote dans l’équipage de réserve de la mission Gemini 9 avec Tom Stafford comme commandant, ce qui lui fait entrevoir un véritable vol sur Gemini 12, dernière mission planifiée du programme Gemini.

Au retour de la mission Apollo 7, l’équipage de réserve de ce vol, qui comprend Cernan, est désigné pour la réalisation de la mission Apollo 10. Eugene Cernan se trouve de nouveau placé sous le commandement de Thomas Stafford. Le troisième membre de l’équipage est John Young qui occupe le poste de pilote du module de commande tandis que Cernan est pilote du module lunaire Apollo. L’objectif de la mission Apollo 10, qui se déroule du 18 au , est d’effectuer une dernière répétition avant le premier atterrissage sur la Lune qui sera réalisée au cours de la mission Apollo 11. Une fois le vaisseau en orbite autour de la Lune, Stafford et Cernan à bord du module lunaire Apollo baptisé Snoopy se séparent du vaisseau principal et descendent vers le sol lunaire mais interrompent cette simulation de l’atterrissage à 15 km du sol lunaire. Mais lorsqu’ils remontent en orbite, ils frôlent la catastrophe : après avoir largué l’étage de descente, ils mettent à feu le moteur destiné à les ramener en orbite haute. L’équipage a laissé un interrupteur dans une position erronée et le pilote automatique déclenche des mouvements incontrôlés. Stafford parvient à passer en commande manuelle et peut reprendre le contrôle du module lunaire. Celui-ci vient s’amarrer au vaisseau Apollo dans lequel Young est resté. Malgré cet incident, la mission ouvre la voie à l’équipage d’Apollo 11 qui effectuera le premier atterrissage sur le sol lunaire comme prévu.

Fin janvier 1971, Cernan, qui s’entraine à l’atterrissage sur la Lune à bord d’un hélicoptère Bell 47G modifié, descend trop bas et s’écrase dans l’Indian River à Cape Canaveral. Il manque de se noyer et récolte des brûlures du second degré sur le visage. La NASA envisage de l’exclure des missions suivantes, mais il est finalement nommé commandant de la toute dernière mission sur la Lune Apollo 17 après avoir été commandant de l’équipage de réserve du vol Apollo 14, en février 1971 (doublure d’Alan Shepard). Ses coéquipiers sont Ronald Evans, un ami de longue date, et le géologue Harrison « Jack » Schmitt. L’objectif de la mission est d’explorer la vallée Taurus-Littrow (en bordure de la Mer de la Sérénité). Ce site fait partie d’une région de hauts plateaux qui constituent un objectif scientifique majeur car cette formation géologique, fréquente sur la Lune, n’a pu être étudiée par les missions précédentes. La vallée semble par ailleurs avoir conservé des traces d’activité volcanique récente. L’étude sur place de ces formations, ainsi que les échantillons de roches et de sol ramenés sur Terre, doivent fournir des informations structurantes sur la géologie de la Lune.

La fusée Saturn V emportant le vaisseau Apollo 17 décolle du Centre spatial Kennedy le 7 décembre 1972. Le module lunaire se pose le 11 décembre sur la Lune. Cernan et Schmitt enchaînent au cours de leur séjour trois sorties extravéhiculaires sur le sol lunaire d’une durée totale de 22 heures 4 minutes, au cours desquelles ils collectent 110 kilogrammes de roches lunaires et parcourent à bord de leur véhicule 36 kilomètres, établissant un nouveau record dans tous ces domaines3. Le module lunaire redécolle de la surface de la Lune le 14 décembre et le vaisseau Apollo, après un voyage de retour sans incident, amerrit dans l’océan Pacifique le 19 décembre4. Apollo 17 est un succès sur le plan scientifique et démontre la fiabilité remarquable des équipements. Mais le programme Apollo, victime d’arbitrages budgétaires et d’un certain désintérêt des politiques pour les enjeux scientifiques, se conclut avec cette mission qui reste actuellement la dernière à avoir emmené des hommes sur la Lune. Cernan, qui a réintégré le module lunaire après Schmitt, est le dernier homme à avoir foulé le sol de la Lune.

De 1973 à 1975, Eugene Cernan participe à la préparation du premier vol conjoint américano-soviétique Apollo-Soyouz, qui se déroulera en juillet 1975, le vaisseau Apollo étant commandé par son ami Stafford. Il quitte la NASA l’année suivante, le . Cernan a alors passé au cours de ses trois missions 23 jours 14 heures et 15 minutes dans l’espace et effectué plus de 24 heures de sorties extravéhiculaires (une dans l’espace et trois sur le sol lunaire). Il prend également sa retraite de la Navy avec le grade de capitaine en ayant effectué 5 000 heures de vol dont 4 800 heures en avion à réaction et réalisé plus de 200 appontages sur porte-avions1.

Cernan entame une carrière dans le secteur privé. Après avoir été vice-président exécutif de la Coral Petroleum à Houston, il crée sa propre société et intervient en tant que consultant dans le domaine de l’énergie, l’aérospatiale et d’autres industries de la même branche. Il est également président du conseil d’administration de la Johnson Engineering, avant que celle-ci soit absorbée par la société Spacehab qui sera rebaptisée par la suite Astrotech. En 1999, Cernan publie avec l’aide de Donald Davis ses mémoires intitulés J’ai été le dernier homme sur la Lune. Un documentaire sera tiré par la suite de son ouvrage1.

Cernan apparait assez régulièrement dans les commémorations du programme Apollo, il est l’un des astronautes les plus célèbres et les plus respectés dans son pays. Le 15 avril 2010, en compagnie de Neil Armstrong et James Lovell, Cernan conteste avec vigueur la décision de Barack Obama d’abandonner, pour des raisons budgétaires, le programme lunaire Constellation qui avait été initié par l’administration Bush et qui devait marquer le retour des Américains sur la Lune5. Le 13 septembre 2012, après la mort d’Armstrong, il prononcera le discours officiel en sa mémoire à la cathédrale nationale de Washington.

Il meurt le  à l’âge de 82 ans.

Source Wikipédia