Chuck Yeager

Charles Elwood « Chuck » Yeager (né le  à Myra, en Virginie-Occidentale) est un aviateur américain. Il est rentré dans l’histoire de l’aviation en étant le premier à franchir le mur du son, à bord de l’avion fusée Bell X-1, le .

Chuck Yeager entre dans l’armée de l’air des États-Unis d’Amérique quelques mois avant l’engagement des États-Unis dans la Seconde Guerre mondiale, le . Affecté en Grande-Bretagne à partir de , il acquiert le statut d’as de l’aviation et termine le conflit avec le grade de capitaine avec treize appareils allemands abattus à son palmarès. Il est un des premiers pilotes à avoir abattu un Me 262.

Le 4 mars 1944, aux commandes de son North-American P-51B « Mustang », baptisé Glamourus Glen, il remporte sa 1re victoire en combat aérien, sur un Messerschmitt Bf 109, mais le lendemain, pour sa 9e mission de guerre, alors qu’il fait partie de l’escorte de chasse d’une vague de 219 bombardiers B-24 allant pilonner les aérodromes du sud-ouest de la France, il est pris à partie, entre Bordeaux et Toulouse, par des Focke-Wulf Fw 190 de la Jagdgruppe West — une unité d’entraînement avancé de la Luftwaffe, basée à Cazaux5.

P-51b du 357th Fighter Group.

Son appareil est touché par une rafale et ses câbles de commande étant sectionnés, Yeager est obligé de s’éjecter de son avion, à une altitude de 6 000 mètres après avoir retiré son masque à oxygène. Sentant qu’il risque de s’évanouir dans sa chute, il ouvre son parachute relativement haut, à 2 500 mètres, se mettant à la merci des chasseurs allemands. Et bien que cela soit contraire au code militaire et à la tradition chevaleresque des débuts de l’aviation, de viser un homme sous parachute et sans défense, le pilote l’ayant descendu plonge à nouveau sur lui pour une nouvelle passe. Yeager est sauvé par son ailier, le capitaine William  » OBee  » O’Brien, du 363rd Fighter Squadron, 357th Fighter Group (en), qui abat le Fw 190 du pilote allemand, Irmfried Klotz, avant. Ce dernier se tue au sol, son parachute ne s’étant pas ouvert. Recueilli par la résistance française, Yeager est exfiltré par l’Espagne et reprend le combat dès le début de l’été 1944.

Après-guerre, Chuck Yeager revient plusieurs fois sur le site où il a sauté en parachute, et le survole même 64 ans plus tard, à bord d’un A380, lors d’une visite qu’il fit chez Airbus, à Toulouse, en 2008. De même, Yeager n’a pas oublié les résistants qui l’ont sauvé et lui ont permis de passer en Espagne. À 95 ans, en mai 2018, il renouvelait son pèlerinage dans les Hautes-Pyrénées6, d’où il a pu rejoindre l’Espagne en 1944.

Des éléments récupérés du Mustang de Yeager, ainsi que du Focke Wulf abattu sont exposés au musée Aeroscopia de Toulouse5,7.

Dans ses mémoires, Yeager, An Autobiography8, il évoque les atrocités qu’il avait ordre de commettre contre les civils allemands :

« Des atrocités furent commises par les deux camps. (…) Une zone de cinquante miles sur cinquante à l’intérieur de l’Allemagne fut assignée à nos soixante-quinze Mustangs et ils reçurent l’ordre de mitrailler tout ce qui bougeait. Le but était de démoraliser la population allemande. (…) Si quelqu’un avait refusé de participer (et, autant que je me souvienne, personne ne refusa), il aurait probablement été traîné en cour martiale. »

Yeager ajoute que, lors d’un briefing, il murmura à son voisin : « Si nous faisons des choses pareilles, nous devrons vraiment nous efforcer d’être dans le camp des vainqueurs. » Il conjecture que, pour faire commettre ces atrocités, le haut commandement se donnait pour excuse l’imbrication entre armée et population civile dans l’Allemagne du temps de guerre :

« Le fermier qui labourait son champ de pommes de terre nourrissait peut-être des troupes allemandes. Et parce que l’industrie allemande était détruite par les bombardements incessants, la fabrication de munitions était devenue une industrie artisanale, dispersée à travers le pays dans des centaines de maisons et de fabriques locales, ce qui était l’excuse des Britanniques pour les tapis de bombes et les bombes incendiaires sur cibles civiles. En guerre, les militaires hésiteront rarement à frapper des civils qui sont dans le chemin ou à prendre des civils pour cible pour diverses raisons stratégiques9. »

Après la guerre, il reste dans l’US Air Force nouvellement créée et devint pilote-instructeur, puis pilote d’essai à partir de juillet 1945. Transféré sur la base de Muroc Field en Californie (aujourd’hui la base Edwards), il est le premier homme à franchir le mur du son le  à 10 h 18, à bord du prototype Bell X-1avion fusée dessiné d’après la balle de calibre 12,7 mm qui sort du canon d’un fusil à vitesse supersonique10. La veille de ce vol historique, Chuck fait une chevauchée dans le désert et chute, se brisant deux côtes. Résolu à ne pas déclarer forfait pour ce vol d’essai, il tait son accident et monte le lendemain, blessé, à bord de l’appareil : pour fermer la baie vitrée de son cockpit, il doit improviser un levier de fortune avec un morceau de manche à balai dissimulé dans son blouson de cuir.

En , Chuck Yeager est l’un des premiers américains à piloter un MiG-15 qu’un pilote déserteur Nord-Coréen, No Kum-Sok, a remis à l’armée américaine.

En mai 1955, il retourne en Europe avec le grade de lieutenant-colonel pour prendre le commandement du 417th Fighter-Bomber Squadron sur la base de Hahn en RFA, puis sur la base de Toul-Rosières en France, de juillet 1956 à juillet 1957.

Le , Yeager échappe de justesse à la mort, alors qu’il perd le contrôle du prototype Lockheed NF-104A à l’altitude de 108 700 pieds (33 131 mètres) lors d’un « Zoom climb ». Parvenant à s’éjecter après une chute vertigineuse de 100 200 pieds (30 540 mètres), il s’en sortira gravement brûlé.

Les deux vols sont racontés dans le livre de Tom Wolfe et le film du même nom de Philip KaufmanL’Étoffe des héros (The Right Stuff).

En , il prend le commandement du 405th Fighter Wing sur la base aérienne américaine de Clarke, aux Philippines, et effectue 127 missions au-dessus du Viêt Nam.