Les objets de l’Histoire, l’histoire des objets. La dague d’officier de Hans Hartmann.
Collectionneur d’objets ayant appartenu à l’histoire, j’ai la chance de posséder depuis plusieurs années cette dague d’officier portant le nom de H. Hartmann.
Par divers recoupements, il y a de fortes chances pour que celle-ci ait appartenu à l’officier de la Wehrmacht Hans Hartmann en service en 1942 à Lviv en Galicie orientale, aujourd’hui l’Ukraine.
Ce qui m’amène à évoquer un épisode heureux au cœur de cette horrible guerre que fût la Seconde guerre mondiale.
Voici cette histoire.
Le capitaine Hans Hartmann, âgé de 40 ans, est l’un des officiers supérieurs de la Heeres-Kraftfahrzeug-Park 547, à Lviv, en Galicie orientale (Ukraine). Des centaines de Juifs y sont employés en 1942 pour le démantèlement et la réparation de chars, de véhicules blindés et d’autres véhicules militaires arrivant du front russe dans un état de délabrement.
Parmi eux, Wolf et Abraham Goldberg – père et fils.
En février 1942, ils sont séparés du reste de leur famille et envoyés dans le tristement célèbre camp de concentration de Janowska.
Au mépris de tous les règlements, Gitel Goldberg, mère d’Abraham, prend son courage à deux mains et quitte le ghetto pendant plusieurs jours pour approcher tous les officiers de passage dans la ville, en demandant d’épargner son fils de 19 ans du camp de la mort.
Elle essaye de susciter leur sympathie en montrant les certificats scolaires allemands de celui-ci (les Goldbergs avaient été expulsés de l’Université de Thuringe en 1938).
Plusieurs officiers s’approchent de la femme à l’air désespéré qui les interpellent. La plupart se moquent de cette femme aux cheveux blancs portant l’étoile juive sur son vêtement. Un seul s’arrête, Hanz Hartmann. Il note soigneusement les détails concernant l’histoire de cette femme dans son carnet.
Dans les jours qui suivent, le capitaine de la Wehrmacht tente de libérer les deux Goldberg, malgré la résistance du sadique commandant du camp, le SS-Obersturmbannführer Fritz Gebauer.
Finalement, les deux prisonniers sont conduits dans une voiture militaire à la sortie du camp de Janowska, et après de nombreuses discussions avec les gardes, franchissent miraculeusement les portes du camp.
De retour dans le ghetto, les Goldberg souhaitent exprimer leur gratitude en présentant à Hartmann un ensemble pour écrire de la marque « Pelican » plaqué or. Il refuse, « Conservez-le pour vous – c’est la seule valeur qu’il vous reste », déclare-t’il simplement.
Cependant, les SS ne lâchent pas l’affaire. Quelques jours après l’incident, Hartmann reçoit l’ordre de quitter Lviv immédiatement pour rejoindre le corps de Rommel en Afrique du Nord.
Après la guerre, Abraham et son père Wolf parviennent à localiser leur sauveur. Celui-ci était alors responsable de la poste dans la petite ville bavaroise de Wolfratshausen.
Par la suite, Abraham Goldberg ayant immigré en Israël en 1949, celui-ci est resté en contact avec Hartmann jusqu’à son décès en 1951.
Aujourd’hui, les petits-enfants de Goldberg conservent toujours des relations avec la famille de Hartmann.
Hans Hartmann (* 1896, † 1970 à Wolfratshausen) était un avocat allemand, officier dans la Wehrmacht. Durant la seconde guerre mondiale, il est entré dans l’histoire au cours d’un épisode d’une remarquable humanité. |
Ce genre de dague fut créée en 1935. Elle était destinée aux officiers de tous grades y compris les médecins et les vétérinaires. Elle faisait partie de l’uniforme et à ce titre elle était obligatoire, sauf pour le service intérieur, dans les casernes, en manœuvre ou en campagne. Dans les premières années, les garnitures métalliques étaient plaquées argent. A partir de la guerre on utilisera de l’aluminium par économie. La poignée est en matière synthétique, et sa couleur varie suivant l’époque de l’orange foncé au blanc ivoire en passant par le jaune. Celle-ci est manifestement de la première génération, ce qui renforce l’hypothèse de son probable propriétaire. Le 23 décembre 1944, l’O.K.W. interdit le port de la dague, et ordonne leur remplacement par le pistolet. |