Des avions pour l’Ukraine, oui mais lesquels ?

Face à la cohorte inépuisable de blindés de la Russie, il y  en a un qui émerge assurément, l’A10 Thunderbold II américain. En service au sein de l’US Air Force depuis 1976, il n’est pas de toute première jeunesse  et a failli à plusieurs reprises être mis à la retraite. Mais en 2005, la flotte de Thunderbolt II passe par une grosse amélioration, transformant les A-10A en A-10C et très récemment il a reçu de nouvelles ailes prolongeant sa durée de vie. Avec celles-ci, la structure des A10 disposera de 2500 heures de vol supplémentaires et le concepteur Boeing, qui a reçu pour l’occasion 2 milliards de dollars pour le programme, affirme que des missions pourront lui être confiée jusqu’en 2040.

Désormais, un avion de légende

Un avion de légende dont la production a duré jusqu’en 1984 avec 715 unités construites, exclusivement destinées à l’US Air force et qui conserve aujourd’hui encore 367 appareils en service.

La première utilisation au combat de l’avion d’attaque au sol a eu lieu en 1991 lors de l’opération Tempête du Desert devenant le véritable héros de cette campagne avec l’avion d’attaque « furtif » F-15 et le chasseur F-1000. Plus de 1200 chars irakiens détruits et des centaines d’équipements militaires et canons d’artillerie. II s’est avéré être l’avion le plus efficace de cette guerre, surpassant même l’hélicoptère antichar spécialisé Apache et battant un record parmi tous les avions tactiques de l’US Air Force. Il a également été  à l’appui des opérations de l’OTAN au Kosovo, de l’opération Enduring Freedom en Afghanistan et de l’opération Iraqi Freedom avec toujours des succès retentissants sur le terrain.

Une machine maniable et redoutable

L’A-10 Thunderbolt II a une excellente maniabilité à basse vitesse et à basse altitude grâce à sa grande surface d’aile, son faible angle d’aile et ses grands ailerons. Il est adapté aux vols à partir de pistes d’atterrissage non préparées avec un risque peu élevé d’endommagement des moteurs par des corps étrangers. D’une portée de 2000 km, il peut rester en l’air pendant une longue période et opérer à une altitude de 300 m avec une visibilité allant jusqu’à 2,4 km. L’avion a généralement une vitesse relativement faible d’environ 560 km/h, ce qui le rend plus adapté aux attaques au sol que les chasseurs-bombardiers rapides, qui ont souvent du mal à cibler des cibles petites et lentes. L’emplacement inhabituel des moteurs General Electric TF34-GE-100 leur permet de fonctionner pendant que l’avion est entretenu et rééquipé par les équipes au sol, ce qui réduit les délais d’exécution.

Une résistance hors norme

L’A-10 Thunderbolt II est exceptionnellement durable, capable de résister aux coups directs de projectiles perforants et hautement explosifs d’un calibre allant jusqu’à 23 mm. Pour réduire les risques d’endommagement du système de carburant de l’avion d’attaque, les quatre réservoirs de carburant sont situés au centre de l’avion et séparés du fuselage, de sorte que les projectiles doivent pénétrer dans la peau de l’avion avant d’atteindre le réservoir. Les conduites de carburant endommagées sont auto-obturantes. Si les dommages dépassent les capacités d’auto-étanchéité du réservoir, des clapets anti-retour empêchent le carburant de pénétrer dans le réservoir endommagé. Étonnamment, l’avion est conçu pour pouvoir voler avec un seul moteur, la moitié de la queue, un élévateur et la moitié de l’aile manquante.

Un armement démesuré et varié

L’A-10 Thunderbolt II peut transporter jusqu’à dix missiles air-sol Maverick. Le missile Raytheon Maverick AGM-65 utilise une variété de systèmes de guidage, y compris le guidage infrarouge et des ogives en forme de cône à haute pénétration de 57 kg. La portée est de plus de 30 km. L’A-10 Thunderbolt II peut également transporter le missile air-air Sidewinder, qui est un missile à courte portée avec une vitesse de pointe supérieure à Mach 2.

L’avion est armé d’un canon puissant de 30 mm General Dynamics GAU-8/A Avenger installé dans le nez de l’avion et peut tirer jusqu’à 3 900 projectiles à la minute (soit 65 obus par seconde). Ainsi, l’avion d’attaque est capable de désactiver un char de combat principal avec une portée effective de 1000 m. Le canon peut également tirer une variété de munitions, y compris des projectiles incendiaires perforants (API) ou des projectiles à l’uranium appauvri.

Alors, le A10 prêt à être engagé en Ukraine ?

Oui parce que le A-10 Thunderbolt II est conçu pour attaquer les forces ennemies en première ligne proche du front avec des infrastructures logistiques moins exigeantes que tout autres avions et qu’il est probablement plus rapide à appréhender pour un pilote déjà formé. Des atouts répondant parfaitement au théâtre de la guerre en Ukraine.

Deux conditions cependant. D’une part que la maîtrise du ciel soit garantie par une défense anti-aérienne efficace et d’autre part que l’espace aérien soit contrôlé par des chasseurs intercepteurs couvrant leur engagement  d’appui au sol.