On l’a oublié, mais il faut se le rappeler, dans le cadre de l’actualité qui nous préoccupe aujourd’hui. L’ « Amérique avant tout » a longtemps été le principe adopté par la politique étrangère américaine. En effet, depuis 1823, la doctrine Monroe, du nom du cinquième Président des Etats-Unis condamnait toute intervention européenne dans les affaires « des Amériques », tout comme celle des États-Unis dans les affaires européennes.
Ce n’est que lors du torpillage par les allemands du paquebot Lusitania en mai 1915, la décision de l’Allemagne de mener la guerre sous-marine en 1917 et la tentative de celle-ci d’installer une alliance avec le Mexique contre les Etats-Unis, que le président Wilson demanda au Congrès d’autoriser « une guerre pour mettre fin à toutes les guerres ».
La paix des mers qui avait jusqu’alors survécu devenait désormais un enjeu mondial.

Le naufrage du Luisitania coulé en 1915 par un sous-marin allemand au large des côtes d’irlande, faisant 1200 morts dont 128 américains.
De même, toujours dans l’esprit de « l’Amérique d’abord » ce n’est qu’après l’attaque de la base navale de Pearl Harbor, le 7 décembre 1941, que les Etats-Unis entrèrent en guerre contre les pays de l’Axe et finalement débarquèrent en Normandie le 6 juin 1944 au côté des alliés.
On le constate, ce n’est que lorsque ses propres intérêts sont en jeu (recouvrement de prêts et intérêts économiques) que les américains participent et s’engagent. Par conséquent, les européens auraient dû s’inspirer de l’histoire passée et ne jamais penser que l’amérique serait toujours là à leurs côtés.
Une grave faute des dirigeants européens qui a des conséquences aujourd’hui nous mettant dans un profond embarras.
La menace Trumpienne nous laissera t-elle le temps des prolongations dans un monde en pleine mutation? Le réveil européen sonnera t-il?
C’est ce que nous allons découvrir ces prochains mois.
En attendant, je vous laisse découvrir un passage du journal L’Illustration paru en 1923, et qui révèlait déjà toutes les ambiguités des relations entre l’Europe et l’Amérique qui n’ont fianelement jamais cessés d’exister.
L’EUROPE ET L’AMÉRIQUE
« Jusqu’à l’Amérique, qui nous abandonne ! Pourquoi assiste-t-elle impassible, les bras croisés, la lente agonie du vieux monde ? Pourquoi ne veut-elle pas au moins consentir à la remise des dettes, quand nos haillons crient notre misère ? »
Plus que jamais, en ces sombres mois, l’Europe se tourmente avec ces questions ; et elle s’efforce d’y répondre en attribuant à l’Amérique des desseins compliqués et en l’accusant volontiers d’un égoïsme à courte vue.
Mais, pour résoudre cet angoissant problème, plus que vers l’avenir, c’est vers le passé qu’il faut tourner les yeux et chercher à se rappeler pour quelles raisons les Etats-Unis se sont jetés dans la mêlée en 1917 et ont transformé la guerre européenne en guerre mondiale. Car nous ne l’avons jamais bien compris et nous l’avons depuis complètement oublié, aussi étrange que le fait puisse paraître, même pour l’étrange époque que nous vivons. Nous l’avons oublié et — ce qui est encore plus paradoxal l’Amérique l’a oublié aussi ; d’où sa perplexité quand elle doit juger ce qu’elle fit il y a six ans et ce qu’elle devrait faire aujourd’hui. Qui pourrait s’étonner que le présent soit un chaos, alors que le passé immédiat demeure une énigme.