La bombe à neutrons mérite-t-elle vraiment d’être une vedette de l’actualité?

Autor(en): Jaquet, Denis
Objekttyp: Article
Zeitschrift: Revue Militaire Suisse
Band (Jahr): 127 (1982)
Heft 11
bombe
Explosion nucléaire à Mururoa le 3 juillet 1970 (Tir Licorne, 1 MT).

Née de l’imagination voici plus de trente ans, la bombe à neutrons ou bombe à radiation renforcée, dont le premier essai aurait eu lieu en 1958 au large de Johnston dans le Pacifique, n’a jamais fait autant de bruit que ces derniers mois.
Bombe tueuse et capitaliste pour certains, véritable arme miracle capable de dissuader tout agresseur pour d’autres, elle ne mérite sans doute ni cet excès d’indignation, ni cet éloge d’efficacité.

Neutrons

  • Rayonnement ayant une longueur de parcours très grande. Les neutrons ne sont pratiquement pas ralentis dans l’air. Ils pénètrent profondément dans l’organisme où ils sont ralentis en provoquant des dégâts biologiques importants.

Historique
Issue de recherches faites aux USA, en URSS et en France, la bombe N est dans le domaine des armes nucléaires le résultat d’une réelle mutation engagée dès la fin des années 1960.
En effet, la course au développement et la mise au point d’engins n’avait été jusqu’alors axée que sur la puissance et le gigantisme. De l’énergie de 20 kt «équivalent TNT» dégagée par la bombe A d’Hiroshima, on était rapidement passé à 200 kt, puis à 800 kt, pour parvenir enfin à la bombe H mégatonnique capable d’anéantir une super-grande ville.
Très vite, le pouvoir destructeur de ces armes interdit leur utilisation sur le champ de bataille, conduisant à la stratégie de dissuasion, à l’équilibre de la terreur (aucun pays n’osant déclencher le feu nucléaire sans risquer son propre anéantissement). Alors, un étrange sentiment de malaise se mit à envahir peu à peu les stratèges. Devant le statu quo que représentait le pouvoir destructeur de ces armes, ainsi que l’incertitude dans laquelle leurs manipulations pouvaient entraîner l’humanité, le concept de dissuasion ne perdait-il pas une grande partie de son sens? Ne fallait-il pas renoncer à l’arme nucléaire pour repousser un agresseur? Non bien sûr, et l’on se tourna vers la fabrication d’armes nucléaires dites «tactiques», de faible puissance et aux effets mesurés.
Depuis 1970, toute une panoplie de bombes nucléaires spécifiques est en train de naître, présentant un effet prioritaire parmi les cinq initialement développés par la bombe standard d’Hiroshima : effet de choc, effet incendiaire, irradiation électro-magnétique, irradiation neutronique et radioactivité résiduelle.

Article complet paru dans la Revue Militaire Suisse 1982