Pour des gradins au Casino théâtre

ARGUMENTAIRES GRADINS SALLE DE THÉÂTRE DU CASINO DE ROLLE
Séance municipale du mardi 3 juillet 2012

La polyvalence

La polyvalence appliquée à l’entité « salle » déclenche invariablement dans le milieu du spectacle des réactions dubitatives, ironiques, voire franchement hostiles.
Objectivement, il faut admettre que le défaut quasi systématique de ces lieux est que leur polyvalence s’arrête… au spectacle, justement !
De fait, la polyvalence est un paradoxe architectural. On n’imagine pas de stade-bibliothèque, pas plus que de prison-école maternelle…
Alors pourquoi vouloir faire cohabiter le loto, les banquets et le spectacle ?…

Toujours est-il que la polyvalence existe bel et bien, et que souvent faute de moyens ou de solutions il faut bien se satisfaire de ce principe.
Avignon ne compte que « 3 théâtres » et pourtant en juillet de chaque année, cette ville se trouve miraculeusement dotée de plusieurs dizaines de théâtres. Chapelles, pas-de-porte, préaux de collège, cinémas, péniches, gymnases sont devenus « lieux scéniques ». La prestigieuse cour d’honneur du Palais des Papes elle-même, n’est pas non plus un théâtre a priori et pourtant elle devient à ce moment là un lieu de spectacle…avec gradins.

Les conditions du spectacle

En règle générale, c’est au lieu scénique de s’adapter au spectacle, et non l’inverse. On peut remarquer au passage que les lieux scéniques permanents (salles de spectacles, théâtres…) ont eux- mêmes une grande capacité d’adaptation et de modulation. Ils doivent être en effet capables d’accueillir des spectacles de nature et de dimensions fort diverses.
Un lieu, quel qu’il soit, devient « lieu scénique » dès qu’il est doté de certaines fonctionnalités propres à la tenue d’un spectacle vivant. Il doit pour cela répondre à deux impératifs :

1. Accueillir un public et le mettre dans des conditions lui permettant de voir et d’entendre.

2. Permettre à l’artiste de donner à voir et à entendre sa prestation.

Ici, une première remarque importante s’impose : quand on parle « de voir et d’entendre », il s’agit de voir et d’entendre tout ce qui constitue le spectacle, mais seulement cela.

Les conditions d’utilisation

Il ne viendrait à l’idée de personne de construire un hôpital sans consulter de médecins…Pourtant nombre de lieux à vocation d’accueil de spectacles sont encore construits ou aménagés sans consulter la corporation… Avec des résultats que l’on ne peut que déplorer…
Heureusement, sur mon initiative dans ce dossier cela a été corrigé en cours de route, mais avons – nous pour cela penser à tout ?
On l’a vu sur de nombreux points soulevés par ce type de réaménagements, les choix sont souvent délicats entre les contraintes financières et les aspirations artistiques.

C’est pourquoi le préalable à toute mise en œuvre est d’établir pour ce lieu un projet culturel précis qui définira notamment :

1. La destination de la salle, la nature des activités prévues
2. La fréquence, la nature, l’importance des spectacles envisagés.
3. Le public visé, la jauge pressentie.
4. Le personnel éventuellement prévu.
5. Le budget de fonctionnement.

Les questions à se poser sont : « Quel outil ? Pour quelle utilisation ? ».
Pour le théâtre du Casino, voulons-nous continuer à accueillir les aînés chaque année comme cela se fait depuis toujours ? Voulons-nous continuer ou non à faire de ce lieu une occupation polyvalente ? Ou estimons-nous que ce théâtre à l’italienne, l’un des rares en Suisse devienne désormais un lieu adapté, moderne et complet pour accueillir ses visiteurs en privilégiant les activités de scène.

Remarques sur le préavis à déposer au CC

1. Un préavis municipal au Conseil communal impliquant des questions financières majeures (plus de 100.000.-) n’a aucune chance d’aboutir si l’ensemble de la Municipalité n’y adhère pas.

2. N’est il pas étonnant que près de 400’000.- soient inscris au budget 2012 et que 100’000.- supplémentaires deviennent un problème (n’avons-nous pas fait une erreur stratégique dans ce dossier ?)

3. S’agissant toujours du budget, remarquons que certains postes ne sollicitent aucune discussion et pourtant les montants de dépense liés au soutien logistique sont importants :
Fête de Rolle 35’000.- Parade navale 50’000.- Fête de l’Avent 70’000.-
Il s’agit là d’événements ponctuels d’une durée de quelques heures.
L’investissement des gradins est au moins prévu pour 20 ou 30 ans !

4. Sur un même plan, il faut s’étonner aussi du peu de remise en question des aménagements sécuritaires qui très souvent passent la rampe allègrement avec des sommes de plusieurs dizaines de milliers de francs.

5. Le système de gradin prévu améliore du reste de manière importante la facilité d’évacuation des spectateurs. Le système de chaises actuelles est à mon avis non conforme depuis longtemps et j’imagine que celui prévu dans le premier projet l’était aussi. (voir norme ERP en fin de document)

Conclusions
Plusieurs siècles nous séparent des premiers théâtres qui furent longtemps de bois : le premier théâtre de pierre fût construit à Athènes pour la 70ème olympiade, il y a 2500 ans. Les théâtres qui furent élevés plus tard ne s’éloignèrent pas beaucoup des dispositions adoptées ici. On choisissait pour emplacement la pente de la colline qui dans toutes les villes grecques, portait le nom d’Acropole; dans ce terrain, le plus souvent rocheux, étaient taillés les gradins, que l’on complétait au besoin par des blocs de rapport et par de la maçonnerie; ces gradins formaient un amphithéâtre demi-circulaire, d’où les spectateurs jouissaient ordinairement d’un horizon étendu.

S’agissant des théâtres modernes, après bien des tâtonnements et des expériences, il a été reconnu que la meilleure forme pour les théâtres modernes est la forme elliptique, mais avec gradins.

Il y a 130 théâtres à Paris, tous comportent des gradins, des balcons et des loges.

Cela ne s’invente pas, c’est juste éprouvé depuis longtemps et il n’existe rien de mieux… sauf à Rolle.

Rolle, 3 juillet 2012 Denys Jaquet