(Notes à l’attention du Forum social de La Côte – Dully le 21 septembre 2013
Intervenant: Denys Jaquet – Municipal des affaires sociales – Rolle)
Introduction
Les personnes sans logement sont condamnées à rester dans la précarité ! Le logement est un déterminant majeur de l’insertion de l’individu, puisqu’il conditionne à la fois sa vie quotidienne et ses relations dans la société.
Dans ce sens, le droit à un logement digne est fondamental.
Dans un contexte économique et social où le fossé entre riches et pauvres se creuse et où la difficulté de se loger décemment s’accroît, il est urgent de rappeler ce droit, mais aussi de se mobiliser pour que chaque famille en bénéficie.
Sur le plan international Le droit au logement est un droit universel. Il est reconnu au niveau international et dans plus de 100 Constitutions nationales dans le monde. C’est un droit reconnu pour chaque personne.
En dépit de ce droit, les sans-abri, les mal-logés et les expulsés sont de plus en plus nombreux dans toutes les villes et les campagnes de la planète. Plus de 4 millions de personnes ont été expulsées de force de leur logement entre 2003 et 2006. Dans le monde aujourd’hui, 100 millions de personnes sont sans-abri et plus d’un milliard de personnes est mal-logé. Selon les estimations des Nations Unies, 3 milliards de personnes vivront dans des bidonvilles en 2050. La plupart de ces personnes vivent dans les pays du sud, mais aucun continent n’est ni ne sera épargné.
Qui est touché ?
Le non-logement est un mal qui ronge de plus en plus de personnes exclues par les problèmes de la vie : la perte d’un travail, le divorce, la maladie, la retraite ou même les petits salaires. Obligeant cette catégorie de personnes à changer de logement sans solution de rechange, tout simplement par ce qu’il n’y en a pas. Alors cette population trouve des solutions alternatives, pas toujours en adéquation avec la norme, mais dans le souci d’exister…
Pour ceux qui ont encore quelques ressources et pour éviter de tomber dans la marginalisation, l’hébergement chez les tiers est une solution palliative pour une très courte durée à cause de la cohabitation parfois difficile. Surtout, cela est un amortisseur social qui, dans la plupart des cas, évite les chambres d’hôtel souvent insalubres surpeuplées et payées chèrement pour le peu de prestation s’il y en a. Ces derniers sont parfois juste une soupape, le temps de refaire surface dans la vie. Le terrain de camping est une destination devenue à la « mode » mais la législation très contraignante, le fait rester une solution de transition et les cas extrêmes, faute de solutions de logements accessibles, sont aujourd’hui contraints de vivre en « squat », dans des logements ordinaires mais pour lesquels ils ne disposent d’aucun titre d’occupation.
A Rolle
L’activité économique a connu un boom sans précédent ces dernières années, plaçant la commune dans une situation privilégiée. La population a fortement augmenté, tout comme les emplois avec l’arrivée de nombreuses nouvelles entreprises.
Cependant, ce développement engendre également des problèmes et nous devons faire face à des défis importants:
– La rareté des zones artisanales et industrielles;
– Une utilisation des terrains constructibles peu coordonnée;
– Un territoire exigu
– Les terrains à légaliser en mains privées
– L’insuffisance de certaines infrastructures et la priorisation de leur réalisation et leur financement.
– La fragilisation de l’équilibre démographique, notamment la difficulté d’accès au logement pour les jeunes.
Le prix à payer
Il est important également de garantir la mixité sociale. Il faut laisser la possibilité aux différentes catégories de citoyens, notamment aux moins favorisés et aux classes moyennes, de vivre dans leur région en leur donnant la chance d’accéder à des logements à loyers abordables. Il faut également leur offrir des services qui répondent à leurs besoins.
Ainsi à Rolle comme ailleurs, nous subissons le prix à payer d’une politique de création d’emplois qui oublie le volet logement. En effet, rappelons que la politique de création d’emplois est initiée par le département de l’économie du canton, alors que la construction appartient clairement au domaine privé.
A cela s’ajoute la libre circulation des personnes et le fait que de nombreux citoyens européens ont choisi la qualité de vie de notre région pour y vivre désormais. Par leur pouvoir d’achat et par celui des entreprises qui les engagent, cette population exerce une pression considérable sur l’offre de logement, soit sur la construction en termes de typologie de logements offerts sur le marché, soit en termes de pression sur les prix de l’habitat en général.
Dans ce contexte, nous constatons que ce sont les habitants qui subissent la hausse des prix de l’immobilier ; les plus fragilisés doivent partir, puisque cette hausse des prix de l’immobilier impacte directement le coût de la vie et crée une perte réelle du pouvoir d’achat. Seules les personnes qui possèdent déjà un bien immobilier pour se loger ne subissent pas cette hausse des prix, puisque la valeur de leur bien augmente avec le prix du marché, ce qui n’est pas le cas des primo accédants comme les jeunes familles.
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